La retraite anticipée n’est-elle qu’un rêve?

Peter

Peter Aterman

mai 30, 2019

Retraite

Dans les années 1980, l’une des plus grandes compagnies d’assurance du Canada a lancé une campagne publicitaire pour promouvoir l’idée de prendre sa retraite à l’âge de 55 ans. Il s’agissait d’une stratégie de marketing très astucieuse qui est devenue extrêmement populaire. Comme les Canadiens d’une certaine génération peuvent en témoigner, le chiffre magique de 55 ans s’est rapidement imposé dans les esprits comme l’âge de la retraite idéal, et il a suscité de nombreuses réflexions sur la planification de la retraite.

Bien que la campagne soit passée dans l’histoire de la publicité canadienne, l’idée est toujours d’actualité. Aujourd’hui, « la retraite anticipée à 55 ans » est un terme de recherche populaire sur Internet (avec des variantes allant de 45 à 60 ans), et les médias financiers discutent régulièrement des stratégies de retraite anticipée. Inévitablement, ils se concentrent sur deux questions clés : la retraite anticipée est-elle toujours une option réaliste, et qu’est-ce qui a changé au cours des 30 dernières années pour rapprocher ou éloigner le rêve de l’indépendance financière?

C’est une question d’épargne

La réponse à la première question est que tout dépend de l’épargne. Les personnes disposant de revenus très élevés peuvent quitter le marché du travail très tôt dans leur vie, pour la raison évidente qu’elles peuvent se constituer un coussin très rapidement et vivre des revenus générés. Mais ces personnes ne sont pas si nombreuses que cela, comme le montrent ces données sur le 1 % des contribuables les plus riches au Canada. Il est également vrai que les personnes ayant des revenus même modérés peuvent parfois en faire autant, à condition de suivre une approche exceptionnellement disciplinée en matière de dépenses et d’épargne.

Mais pour le reste d’entre nous, ce n’est pas une option si facile. Les personnes qui reçoivent un salaire de base ne disposent pas d’une grande partie de leur chèque de paie après leurs dépenses mensuelles, surtout si elles ont des enfants ou un prêt hypothécaire important. Nous avons tous lu des histoires incroyables de couples qui ont constitué leur portefeuille de placement en vivant dans une boîte à chaussures, en allant au travail à pied et en utilisant des coupons de réduction extrêmes, mais ces histoires font la une des journaux précisément parce qu’elles sont exceptionnelles.

Difficile, mais pas impossible

La retraite anticipée n’est peut-être pas facile pour l’individu moyen, mais ce n’est pas impossible. Pour y réfléchir sérieusement, il convient de se poser la deuxième question : quels sont les changements survenus dans l’économie qui affectent notre capacité à partir à la retraite? L’examen de ces changements constitue un bon point de départ pour comprendre comment se préparer à la retraite au Canada. L’espérance de vie est l’un des principaux changements survenus depuis que l’idée de prendre sa retraite à 55 ans est devenue si populaire. L’espérance de vie moyenne dans notre pays a augmenté de près de deux ans chaque décennie au cours des 50 dernières années. Cela signifie que vous devez adapter vos prévisions de retraite en conséquence, car vous vivrez probablement beaucoup plus longtemps qu’une personne qui avait votre âge actuel en 1980. (Pour savoir combien de temps, essayez cette calculatrice d’espérance de vie.) Donc, lorsque vous pensez à une « retraite anticipée », n’oubliez pas que votre définition du concept diffère de celle d’une génération précédente. Les 65 ans ont peut-être remplacé les 55 ans!

Un autre changement majeur est la pression qu’une population plus âgée exerce sur les dépenses gouvernementales. Le vieillissement de la population entraîne une augmentation des dépenses en matière de soins de santé et de programmes de revenus pour les personnes âgées. Lorsque le Régime de pensions du Canada (RPC) a été lancé en 1965, l’espérance de vie moyenne était de 72 ans. Donc, pour ceux qui prennent leur retraite à 65 ans, le RPC n’a dû payer que pour une moyenne de 7 ans. Maintenant que l’espérance de vie moyenne est passée à 82 ans, les travailleurs peuvent s’attendre à 10 années supplémentaires de prestations du RPC. De plus, il y a moins de jeunes travailleurs pour payer ces dépenses, ce qui met les budgets publics à rude épreuve.

Les taux d’intérêt auront représenté le plus grand changement.

Si l’amélioration de la longévité est un facteur important dans le changement de notre vision de la retraite, les taux d’intérêt le sont encore plus. Pour comprendre pourquoi, il suffit de regarder l’histoire. Dans les années 1980, les banques centrales du monde entier luttaient contre l’inflation, ce qu’elles ont fait en haussant les taux d’intérêt. Les taux hypothécaires sur cinq ans au Canada ont atteint un sommet de 21,46 % en septembre 1981, et les instruments à revenu fixe offraient des rendements aussi impressionnants. (Imaginez une obligation à 10 ans offrant plus de 15 % par année!) Une fois l’inflation maîtrisée, les épargnants qui avaient acheté des obligations à long terme ont bénéficié de taux d’intérêt avantageux qui leur ont procuré une source de revenus fort appréciable, ce qui leur a permis d’accéder à une retraite anticipée.

Jetez maintenant un coup d’œil aux taux d’intérêt actuels. Encore récemment, soit en 2017, le taux directeur de la Banque du Canada était de 0,5 % et il est descendu sous 2,0 % au cours de la dernière décennie. Ces faibles taux rendent beaucoup plus difficile la retraite anticipée, car l’inflation se situe autour de 2,0 % depuis de nombreuses années. En fait, l’environnement de faibles taux d’intérêt a encouragé de nombreux investisseurs à fuir le marché obligataire pour se tourner vers les CPG. C’est là qu’Oaken se pose un chef de file au Canada, car nos taux de CPG à long terme permettent aux épargnants de devancer la courbe de l’inflation. Des taux plus bas signifient essentiellement que les gens doivent épargner plus pour prendre leur retraite que lorsque les taux étaient élevés.

La retraite anticipée au Canada est un sujet qui suscite toujours de l’intérêt et des discussions. Malheureusement, une grande partie de ce débat est influencée par des points de vue élaborés il y a plus d’une génération. Si vous pensez à une retraite anticipée, n’oubliez pas de fonder votre stratégie de retraite sur votre situation actuelle et non celle de vos parents lorsqu’ils prévoyaient l’indépendance financière.

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