Fin 2015, le Canada a franchi un cap décisif. Pour la première fois, il y avait plus de Canadiens de plus de 65 ans que de moins de 15 ans. Ce vieillissement de la population canadienne est le résultat de la génération des baby-boomers (définie comme ceux qui sont nés entre 1945 et 1965) et dont un grand nombre d’entre eux terminent leur carrière et se préparent à prendre leur retraite. Alors que les plus jeunes de ce groupe approchent maintenant de l’âge de la retraite, le nombre de travailleurs retraités continuera d’augmenter, ce qui aura un impact considérable et hautement prévisible sur la société canadienne.
Taux de dépendance des personnes âgées
Les économistes parlent de « taux de dépendance des personnes âgées » pour décrire le rapport entre les personnes âgées et celles qui sont encore en âge de travailler. Le calcul est fait en prenant le nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus, divisé par le nombre total de personnes âgées de 15 à 64 ans. Au Canada, ce taux a eu tendance à augmenter et on prévoit que cela continuera à s’accélérer.
Il y a deux raisons à cela. Tout d’abord, les baby-boomers de la première heure dont on a parlé plus haut sont à présent rendus loin dans la retraite et beaucoup d’autres vont bientôt mettre fin à leur carrière. Deuxièmement, le taux de fécondité du pays continue de diminuer. En 1960, les Canadiennes avaient en moyenne 3,81 enfants. Mais ce taux a chuté de façon constante, tombant à moins de deux enfants au milieu des années 70. Il est actuellement d’environ 1,6. C’est important de noter que le « taux de fécondité de remplacement », c’est-à-dire le taux auquel la population se renouvelle d’une génération à l’autre, nécessite un taux de fécondité de 2,1 enfants par femme adulte.
Comme l’indique l’augmentation du taux de dépendance des personnes âgées, le nombre de retraités augmente plus rapidement que les Canadiens actuellement sur le marché du travail. Cette tendance va s’accentuer à l’avenir. Même si le Canada dispose d’un programme d’immigration actif qui attire de la main-d’œuvre qualifiée chaque année, l’immigration en tant que pourcentage de la population globale aura peu d’incidence sur la cadence à laquelle vieillit la population.
Alors, que signifie ce changement démographique pour vous? On peut affirmer, sans risquer de se tromper, que les décideurs devront apporter des ajustements afin d’éviter une forte baisse de notre niveau de vie. Cela impliquera probablement une combinaison de hausses d’impôt et de réduction des dépenses, et la façon dont ces changements vous toucheront personnellement dépendra en grande partie de votre âge. Nous examinerons plus bas quelques-uns des secteurs qui seront touchés par le vieillissement de la population.
Recettes et services gouvernementaux
Chose certaine, les recettes du gouvernement vont diminuer avec l’accélération du nombre de Canadiens qui partent à la retraite. Dans la plupart des cas, les gens gagnent moins une fois à la retraite, ce qui se traduit par une baisse des revenus qui aboutissent dans les coffres du gouvernement. Les deux secteurs particulièrement touchés par ces changements sont les programmes de soutien gouvernementaux aux travailleurs retraités et les soins de santé.
Tous les travailleurs et leurs employeurs cotisent au Régime de pensions du Canada (RPC) et les versements sont basés sur les cotisations individuelles. Cependant, d’autres programmes sont en place pour s’assurer que les aînés maintiennent une qualité de vie minimale. Ils sont payés à même les ressources gouvernementales et comprennent la Sécurité de la vieillesse (SV) et le Supplément de revenu garanti (SRG). À moins que des changements ne soient apportés, ces deux programmes exigeront une part toujours croissante des ressources du gouvernement pour être maintenus, car plus de Canadiens sont admissibles à ces prestations.
Les soins de santé sont déjà un des services les plus coûteux couverts par les gouvernements provinciaux et leur coût augmentera avec le vieillissement de la population. Comme nous l’avons mentionné dans un blogue précédent sur l’augmentation des coûts des soins de santé, on compte actuellement environ 5,2 millions d’aînés au Canada, qui représentent environ 15 % de la population mais comptent pour près de la moitié des coûts annuels totaux de ce secteur. La cohorte grandissante de personnes âgées exercera une pression considérable sur les budgets des soins de santé à mesure que la population continue de vieillir.
La main-d’œuvre et le marché du travail
Au cours de la prochaine décennie et demie, nous verrons un changement important dans la main-d’œuvre alors que le reste des baby-boomers atteindra l’âge de la retraite. Les travailleurs partiront à la retraite plus rapidement qu’ils ne pourront être remplacés, ce qui pourrait obliger les employeurs à augmenter les salaires et les avantages sociaux pour attirer des talents expérimentés dans un marché de plus en plus concurrentiel pour les travailleurs qualifiés. Ces coûts accrus seront bien évidemment transmis au consommateur.
Pour les travailleurs, le fait que les employeurs se fassent concurrence pour obtenir leurs services peut apporter des avantages significatifs. Mais comme il y aura moins de travailleurs à payer de l’impôt, les gouvernements pourraient n’avoir d’autre choix que d’augmenter leurs impôts pour compenser la perte de revenus à mesure que les départs à la retraite augmenteront.
Une plus grande dépendance à l’épargne privée
La combinaison d’un nombre réduit de travailleurs qui contribuent aux finances publiques et de personnes qui vivent plus longtemps signifie qu’il pourrait être nécessaire d’avoir plus d’épargne personnelle que les générations précédentes pour soutenir la retraite. Comme nous l’avons déjà mentionné, les retraités pourraient être forcés de financer davantage de choses traditionnellement couvertes par les gouvernements, comme les programmes de soins de santé et de revenu de retraite.
Comme l’espérance de vie moyenne des Canadiens est maintenant de 84 ans pour les hommes et de 87 ans pour les femmes, de nombreux retraités peuvent s’attendre à une retraite d’une vingtaine d’années, en supposant que vous la preniez à 65 ans. Cette combinaison de vie plus longue et de probabilité d’avoir à assumer plus de coûts une fois à la retraite signifie que la possibilité de survivre à votre épargne-retraite devient encore plus grande.